Du cinéma plein les yeux

André Azaïs,
« artiste-artisan »

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, le Toulousain André Azaïs (1923-1989) reprend l’atelier de son père et commence alors à travailler pour le cinéma. Son activité professionnelle dure près de 30 ans avant de s'éteindre dans les années 1970 avec l'arrivée des premiers complexes cinématographiques et la disparition des besoins d'affiches peintes.

Son travail est celui d'un artisan en liaison directe avec les exploitants de salles de cinéma. Travaillant pour plusieurs cinémas du centre de Toulouse (le Royal, le Plaza, le Zig-Zag, le Trianon, les Nouveautés et les Variétés), il a donc six affiches à préparer chaque semaine.

André Azaïs dans son atelier.

Façade peinte par André Azaïs des Aventures Fantastiques du Baron de Munchhausen pour
le cinéma Les Variétés à Toulouse, 1950.

Les rapports commerciaux avec l'exploitant sont simples : payé au forfait par affiche, il ne subit pas de pression spécifique de son commanditaire. Ses deux contraintes principales sont le temps imparti et, bien sûr, le sujet – l’exploitant s'en remettant au savoir-faire du peintre et à son respect des éléments d'exploitation fournis.

André Azais commence donc avec ces visuels collectés : affiches, dossiers publicitaires, photos. Selon leur nombre et leur intérêt, il les structure, les assemble ou les décompose à l'aide d'une chambre claire. Cet instrument d'optique permet de reproduire fidèlement un sujet à petite échelle. Azaïs compose ainsi une sorte de maquette réduite qu'il va par la suite

projeter, grâce à une lanterne magique, sur le mur de l'atelier. Par transparence, au format final de l'affiche de façade, il reproduit alors rapidement au fusain les contours principaux délimitant les éléments de sa composition. Cela dans un ordre précis, le visage d'abord, puis à main

Entretien avec Georges Azaïs, fils d'André Azaïs.

levée le tracé du lettrage. La colorisation proprement dite peut débuter. Au pinceau le plus souvent ou au pistolet compresseur, il peint le visage, puis le lettrage et la scène secondaire. En toute fin, le fond.

André Azaïs réalisa ainsi près de 8 000 affiches durant sa carrière.

Atelier du peintre au 42, rue Saint-Jérôme en 1965.