Façades de cinéma : un art disparu
Relevant à la fois de la publicité et de l’imagerie populaire, les affiches de façade étaient largement répandues dans les grandes villes, en France et ailleurs, jusqu’à la fin des années 1970.
Les salles de cinéma, qui étaient alors des « mono-écrans », consacraient en effet leur façade à la promotion de ce qui était en général l’unique film programmé. Décorations monumentales – un Moïse gigantesque avec les tables de la Loi a trôné sur toute la hauteur de l’immeuble toulousain des Variétés pour la sortie des Dix Commandements par exemple –, néons, maquettes... faisaient de chaque cinéma un lieu aussi singulier qu’universel.
Chaque façade était en effet unique dans ses dimensions et son architecture. Les directeurs des salles étaient donc libres, en fonction de leurs moyens et de leurs objectifs, d’habiller leur façade aux couleurs du film alors programmé. Et de confier à l’artiste de leur choix la charge de composer, en s’inspirant des différents outils promotionnels habituels (affiches originales, photographies, pressbooks),
Exposition Du cinéma plein les yeux à l'Espace EDF Bazacle, Toulouse, 1er février-27 avril 2014.
l’affiche la plus attractive possible.
Qu’il s’agisse de Berlin, Buenos Aires, Kazan, Madrid, New York ou Rotterdam, et en France de Biarritz, Bordeaux, Lyon, Paris, et bien entendu Toulouse, la pratique était la même : transformer la façade en un gigantesque panneau publicitaire et inviter le
spectateur à entrer dans le plus populaire des refuges – la salle de cinéma.
Les auteurs de ces affiches sont restés des anonymes de l’histoire. Ni copistes ni créateurs, mais en même temps à la fois l’un et l’autre, ces peintres étaient passés maîtres dans l’art du réemploi. Choisir un motif iconographique, l’adapter
aux contraintes techniques, le reproduire tout en se laissant une marge d’interprétation et en sachant que l’objet n’aurait pas de postérité, telle était la démarche de ces « artistes- artisans » dont André Azaïs était l’un des plus emblématiques représentants.