Western, duel dans la poussière
Le western fonctionne sur des archétypes bien définis. Sur les affiches d’André Azaïs, le cowboy John Wayne, monstre sacré du genre, y était tout aussi imposant. Pose inimitable, genoux fléchis et winchester en mains sur celle de Rio Bravo (1959), posture guerrière fleurant le dernier baroud d'honneur sur celle d'Alamo (1960). À ses côtés, Richard Widmark s'impose envers et contre tout dans le shakespearien Coup de fouet en retour (1956).
Durant les années 1960, le western américain périclite et
enfante quelques authentiques mutants comme La Kermesse de l'Ouest (1969), un western chanté (!), ou encore cette très ambitieuse Conquête de l'Ouest (1962). En réalité, l'Italie a, depuis quelque temps, repris le flambeau, remettant en cause le mythe classique.
Sergio Leone met le feu aux poudres en réalisant successivement Pour une poignée de dollars (1964), Et pour quelques dollars de plus (1965) et Le Bon, la Brute et le Truand (1966). Le héros de western sauce méditerranéenne sera l'antithèse de son cousin
américain. Cynique, individualiste, misogyne, il évolue dans un monde anarchique et dénué de morale. L'argent et le sexe deviennent les principaux moteurs des histoires. Pourtant sur les frontons des salles de quartier, rien n'a vraiment changé. Les héros sont toujours présents droits dans leurs bottes, comme en témoigne ce Tuez les tous... Et revenez seul ! (1968), avec un Chuck Connors sur le qui-vive. Mais si on y regarde de plus près, l'affiche de La Horde des salopards (1972) se teinte d'un accent morbide avec ses pieds de pendus
évoquant une exécution sommaire.
À la fin des années 1970, soumis à la loi du cycle, le genre s'essouffle. De toute façon, les devantures des cinémas de quartier sont tombées depuis bien longtemps. Les héros, qu'ils soient au service d'une noble cause ou qu'ils veuillent remplir leur portefeuille, n'ont plus pignon sur rue.