Du cinéma plein les yeux

Couper-coller

Dans la réalisation de ses toiles, André Azaïs se sert souvent directement de l'affiche originale pour en découper des parties qu'il intègre, en les collant, dans ses compositions.

Il devient parfois difficile de distinguer les parties peintes des parties collées. Les bords sont redessinés, le fondu impeccable, le collage imperceptible. Les façades des immeubles dans Police Connection témoignent de ce talent.

Souvent Azaïs découpe des petites parties de l'image, où le

dessin est plus minutieux, et s'attache à la peinture des sujets principaux : ainsi une grenouille et un champignon sont-ils découpés et incrustés dans le riche univers de l'affiche de Peau d’âne. Inversement, Azaïs peut découper le sujet principal dans l'affiche et ne dessiner que le décor. La verdoyante forêt de Sandokan devient ainsi, sous le pinceau du peintre, un cadre suggestif pour le titre du film.

L'association de collage - dessin permet aussi de jouer avec l'assemblage des différentes sources iconographiques. Le

vaisseau spatial découpé de l'affiche de 2001, l’Odyssée de l'espace est juxtaposé par Azaïs au grand portrait peint de l’astronaute, tiré, lui, du pressbook du film. Même procédé pour Le Dernier Train du Katanga, où le portrait qui domine le découpage est réalisé à partir d'une photographie d'exploitation.

Les réalisations les plus originales restent celles dans lesquelles l’artiste fait preuve d'inventivité pour créer des liens entre les différentes illustrations,

collées et peintes, donnant lieu à de vrais effets dramaturgiques. Le dessin d'une silhouette noire à la manière d'une grande ombre menaçante entoure le collage dans Les Vierges de Satan. Ou encore, dans Les Gros Malins, le collage d'un chien chevauché par les personnages, visuel original de l'affiche, est tenu en laisse par un personnage féminin dessiné. Il en ressort une sorte de métaphore de la technique d’André Azaïs : le dessin dompte le collage.